Avez-vous déjà entendu parler d’Elyse Arbic ? Sûrement pas me direz-vous, mais je préciserai en disant « pas encore ». Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter une femme sympathique, ambitieuse et rêveuse, également maman super-héros d’une belle fillette. 

Je ne vous fais pas de cachette plus longtemps puisque c’est le sujet principal que je souhaite aborder dans cet article : la dyspraxie. Afin d’éduquer les gens sur cette différence, Elyse a généreusement accepté de me rencontrer pour en parler ouvertement !

Voici l’intégrale de notre rencontre :

[ Fleur bleue ] Bonjour Elyse, tout d’abord, merci d’avoir accepté mon invitation pour aborder la dyspraxie. Avant d’entrer dans le cœur du sujet, peux-tu me parler un peu plus de toi ?

[ Elyse ] Pour faire une histoire courte, je suis  issue d’une naissance en souffrance. L’accouchement a été plutôt difficile et j’ai manqué d’air au cerveau pendant un moment, ce qui a endommagé mon cerveau. Vers l’âge de 2 ans, mes parents se sont  rendu compte que j’avais des retards de développement et ils ont rapidement consulté un neurologue et un ergothérapeute pour avoir un avis professionnel. Les spécialistes se sont prononcés sur des séquelles neurologiques qui occasionnaient un retard psychomoteur important (dyspraxie) au  niveau de la coordination, de mon espace spatial, et de mon équilibre. J’ai aussi beaucoup de difficulté à entretenir une relation avec les autres, c’est une difficulté qui s’apparente à l’autisme. À 15 ans, les spécialistes ont confirmé un retard de développement 7 ans.

[ Fleur bleue ] Comment expliques-tu la dyspraxie aux personnes qui n’en ont jamais entendu parler ?

[ Elyse ] Une spécialiste m’a déjà expliqué la dyspraxie par mon reflet dans le miroir. 

Précision : Quand on est face à un miroir et qu’on tente de faire des mouvements en suivant les directives d’une autre personne, c’est très rarement un mouvement naturel. Il faut penser à modifier nos repères spatiaux pour différencier la gauche de la droite, l’avant de l’arrière, etc. 

La dyspraxie est causée par un retard psychomoteur. 

[ Fleur bleue ] Quelles difficultés as-tu rencontrées en bas  âge, suite à ton diagnostic ?

[ Elyse ] L’incompréhension des autres et l’intimidation. J’ai vécu beaucoup de rejet parce que j’étais différente. Je n’ai jamais eu d’amis. 

Au secondaire, je n’ai jamais compris les mathématiques. J’ai aussi beaucoup de difficulté à comprendre tout ce qui est abstrait : la logique, la philosophie, la perspective ou la reproduction  d’un dessin en parallèle ou à l’échelle. Je suis incapable de suivre des explications et des exemples pour les mettre en application. 

[ Fleur bleue ] En quoi ces difficultés ont-elles contribué à rendre tes relations sociales et tes passions plus complexes à réaliser ?

[ Elyse ] J’ai toujours peur de dire quelque chose qui peut blesser les gens. Je n’ai pas de censure donc les règles « sociales » ou éthiques sont difficiles à respecter. En n’ayant aucun filtre, mes relations amicales sont inexistantes. 

Il y a certaines activités que je n’ai jamais pu pratiquer comme l’hébertisme, la gymnastique et la danse, l’équitation aussi et le bricolage. Maintenant il existe de l’équithérapie, mais dans mon temps ça n’existait pas. J’aurais aimé pouvoir en faire. Côté bricolage, mes difficultés de coordination et de motricité fine rendaient la tâche complexe ou impossible à faire.

[ Fleur bleue ] En vieillissant, comment gères-tu la dyspraxie au quotidien ?

[ Elyse ] J’ai beaucoup de tremblements que j’essaye de cacher, en croisant les bras ou en m’assoyant sur mes mains parce que ça me rend mal à l’aise. Je ne veux pas que le monde pense que je suis bizarre. Les gens pensent tout comprendre, ça crée une très grande frustration. Les gens choisissent la solution facile quand ils évitent de me poser des questions sur mon handicap pour comprendre. Le plus difficile c’est d’être consciente de mon handicap parce que je n’ai pas de  déficience intellectuelle.

[ Fleur bleue ] En quoi ce diagnostic impacte-t-il ta vie professionnelle et personnelle ?

[ Elyse ] Dans ma vie personnelle, ça fait en sorte que je suis constamment en questionnements et ça crée une anxiété qui me paralyse totalement. À 33 ans, je ne peux toujours pas conduire donc c’est handicapant de ne pas pouvoir me déplacer par moi-même.

Dans ma vie professionnelle, je dois taper mes textes à l’ordinateur puisque mon écriture est illisible avec mes tremblements et mes spasmes. Dans les événements publics, je demeure muette pour éviter les contacts et je cache souvent mes mains. Comme entrepreneure, c’est difficile de joindre mon handicap à la mise en relation.

[ Fleur bleue ] Je veux prendre un moment ici Elyse pour parler de ton emploi. Tu as récemment démarré un projet de livres personnalisés pour lesquels tu es l’unique auteure et tu as choisis de te publier toi-même en mettant sur pieds ta propre maison d’éditions. Que peux-tu nous dire à ce sujet ?

[ Elyse ] L’écriture a toujours été une passion pour moi et après avoir accouché de ma fille, je n’avais pas envie de retourner au travail. J’avais envie d’exploiter ma force. J’ai commencé un coaching professionnel pour démarrer mon entreprise d’écriture de livres personnalisés et j’ai décidé de fonder ma propre maison d’éditions parce que ça a toujours été mon rêve depuis mes 20 ans. 

Chaque personne a son histoire alors j’ai décidé de créer des livres sur mesure pour des enfants, des fondations et des entrepreneurs à succès. J’aimerais beaucoup pouvoir écrire pour la Fondation de Véro et Louis puisque mon handicap est invisible, un peu comme l’autisme.  

[ Fleur bleue ] Quels moyens utilises-tu pour diminuer les impacts « négatifs » de la dyspraxie ?

[ Elyse ] J’écris, c’est libérateur. C’est ma  « planche de salut », mon imagination, ma bulle. J’aime créer des projets.

[ Fleur bleue ] Pour les parents intéressés, Elyse est maintenant prête à recevoir vos commandes de livres. Elle offre plusieurs types de livres : des histoires fantaisistes, des livres sonores, des livres souvenirs et plus encore. 

[ Fleur bleue ] Elyse, comment souhaites-tu conclure notre entrevue ? Je te laisse le mot de la fin.

[ Elyse ] La différence est belle, il faut oser même avec un handicap. Ça vaut la peine !

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Entrevue réalisée dans le cadre du 1er magazine de La Boite à Paroles.